Le carnet de Patrick

Kashgar

Un édifice sans façade sur un nouveau boulevard.

Un édifice sans façade sur un nouveau boulevard.

Le Xīnjiāng comporte une forte proportion d’habitants Ouïghours. Historiquement, les Ouïghours sont les descendants des Mongols et leur langue est proche du turc. Ils sont un peuple d’Asie centrale et leurs traits sont assez différents de ceux des Hans, qui peuplent la partie Est de la Chine.

Grâce notamment au train, de plus en plus de Hans immigrent au Xīnjiāng. Les Hans sont très présents à Urumqi, mais beaucoup moins à Kashgar, où le train ne se rend que depuis environ cinq ans, et encore moins à Hotan. J’avais entendu parlé des frictions qui existent entre les Hans et les Ouïghours. Il y a même eu quelques attentats à la bombe. Mais c’est en passant dans Kashgar que j’ai compris un peu plus le pourquoi de ces tensions.

À Kashgar, il n’y a presque pas d’autos, à part les taxis, facilement reconnaissables à leur couleur verte fluo, et les camions. La plupart des gens circulent en autobus, à moto, à vélo ou en chariot tiré par un âne. Exception assez notable à cela : plusieurs Chinois Hans, probablement des fonctionnaires, qui se promènent en voiture de luxe et en 4x4. Il y a certainement des Hans pauvres à Kashgar, mais les riches ne sont pas Ouïghours.

Pour ajouter à cela, il semble que les urbanistes chinois aient une conception assez arrêtée de ce que doit être une ville : il doit y avoir une grande place publique, la Place du Peuple, avec une statue de Mao, et de larges boulevards à six voies (une voie pour les bicyclettes et les chariots, deux voies pour les autos, dans chaque direction). Même à Kashgar, qui ne compte presque pas de voitures, ce plan est appliqué. Mais ces boulevards, il faut bien les mettre quelque part. On démolit donc les vieux quartiers (où vivent les Ouïghours) et on relocalise leurs habitants dans des édifices à logement construits en périphérie de la ville.

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